POESIE – DESSIN / Hiver 2012 – Dessins de Marie-Agnès Verdier.
Voici un bouquet garni de quelques fleurs oubliées au fond des caves humides. Comme un caillou sur la route, il est là. D’abord écrite pour le théâtre comme des suites de petites cruautés  familiales chantées et déclamées,  cette composition est maintenant une gâterie tragique qui évoque l’amour filial à la manière des chœurs antiques. Une rencontre avec l’une de celles qui à la lecture de ces textes a fait surgir avec son stylo Bic sur la page blanche des dessins rougeoyants, des figures incongrues, des coups  et à coups de crayons.

Extraits du texte

Rengaine

Méfions nous des dames et du Dédale de leurs âmes car sous leurs drapés des armes tranchantes gravent des drames sanglants à la pointe des lames aiguisées elles enfilent les larmes de ceux qui ont goûté leurs charmes.      

Le caveau de ses peines

Assise sur le caveau de ses peines La mort courbée contemple la dégaine D’un homme que la nuit noire entraine Sombre reflet de ses nuits sans reine Il pleure, oui, comme il rote Il danse, oui,comme il tombe Il rit, oui, de tant d’ombres Il dort, oui, sur ses fautes Il gémit sans blêmir Le bougre S’affaisse sans ternir Le fourbe S’écroule sans un cri S’embourbe Tant fier et si ténu Le palpitant à vue Il feint la décence Perdu dans la tourbe Il tient la cadence Sans tangente ni courbe Sauf  là d’un coup, d’un seul Il s’agrippe aux dalles Du sol qui s’emballe Et maintenant dégueule. Son rien et tout son vide S’agitent dans son bide. Il pleure, oui, comme il rote Il danse, oui, comme il tombe Il rit, oui, de tant d’ombres Il dort, oui, sur ses fautes D’un geste profite Câline D’un coup l’irrite Perfide L’achève si vite Fétide Tant fière et si gracieuse La mort maintenant creuse Le caveau sans pleureuses Enlace le poivrot Pleurant comme un marmot Seul, sanglant, sale et sot Et dans un dernier soupir Il l’embrasse et l’aspire Elle l’étreint et l’attire Dans le trou des damnés Doucement le dépose Et sur son corps se repose.